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Jean Zay, l’homme complet
Théâtre Episcène

Le spectacle est issu des souvenirs de captivité que nous a laissés Jean Zay, repris et adapté par Xavier Béja qui incarne avec justesse et acuité cet homme « complet », d’une grande culture et d’une sensibilité aiguë.
Issu d’une famille juive alsacienne, jean Zay fera des études de droit et deviendra secrétaire de rédaction du journal de son père, radical-socialiste « Le Progrès du Loiret ». En 1925, avec quelques amis proches, il fonde des revues littéraires.
À dix-neuf ans, horrifié par les massacre de la Première Guerre mondiale, Zay compose Le Drapeau, un poème antimilitariste. Il s’engage très jeune en politique et franchit rapidement tous les échelons. Membre de la Ligue des droits de l’homme, responsable de la Ligue de l’enseignement, il est et à 27 ans le plus jeune député de France. Léon Blum le nommera Ministre l’Éducation nationale et des Beaux-Arts.


Par sa personnalité et son dynamisme, il incarne une des figures essentielle du Front populaire. On lui doit la scolarité obligatoire, l’éducation physique, la laïcité à l’école, le Festival de Cannes (qui aurait dû être inauguré en septembre 1939). Il démocratise les musées, créé la Réunion des Théâtres Nationaux, le Musée de l’Homme, le Musée d’Art moderne et celui des Arts et Traditions Populaires, initie les droits d’auteurs, le Palais de la Découverte, le CNRS et l’ENA et organise l’Exposition universelle de 1937. En septembre 1939, il démissionne et s’embarque avec 26 autres parlementaires pour Casablanca à bord du « Massilia », décidé à créer un front de résistance. Arrêté à Rabat, le 16 août 1940, condamné pour « désertion » à la déportation perpétuelle et à la dégradation militaire par le régime de Vichy. Il subit quatre ans de prison à Marseille puis à Riom avant d’être assassiné par les sbires de Maréchal. C’est pendant ces quatre années atroces qu’il écrira : « Souvenirs et solitude ».


Ces textes repris par Xavier Béjà dans une demie obscurité rappelant la cellule où il a été enfermé résonnent dans le théâtre. Habité par son texte, il nous transmet ses mots pleins de sagesse, sa vision éthique de la France et son sens des réformes. Il incarne avec émotion le « penseur d’avenir » que Jean Zay a été a été et dont les œuvres ont perduré et donné une direction à notre pays.

D’après « Souvenirs et solitude », de Jean Zay
Musique de Alvaro Bello, Mise en scène de Michel Cochet 


Méphisto
Théâtre de l’Étincelle

Une pièce moderne en alexandrins, pourquoi pas ? François Brett relève le défi et réussit par son talent à nous faire oublier ce mode d’écriture désuet tout en gardant sa musicalité.

Un couple qui travaille sur une pièce écrite par l’homme où intervient la figure de la mort voit surgir un jeune diable sous le nom de Méphisto. Éberlués, pensant à une farce, ils mettent du temps avant d’accepter qu’il s’agit bien d’un personnage venu d’ailleurs aux pouvoirs surnaturels. Pour le dissuader d’emmener Alex dans l’autre monde, ils lui proposent de se mettre dans la peau d’un homme afin d’apprendre ce qu’est la sensibilité humaine. Mephisto accepte le challenge et commence à ressentir des émotions, particimèrement face à Anna qui tente de le séduire. Du coup, c’est la mort, une femme âgée, qui débarque pour empêcher cette alliance. A son tour, elle sera tentée par l’expérience. 


Quatre comédiens incarnent ces personnages sur une scène occupée par un salon et un lit (où on se retrouveront les trois principaux personnages).


Entre humour, dérision, Interrogations sur l’avenir de l’homme, cette pièce dynamique et drôle nous amène à réfléchir sur les chemins dangereux que l’humanité emprunte.

ARLETTY – Un cœur très occupé
de Jean-Luc Voulfow
Mise en scène François Nambot
Théâtre les 3 S

Jean-Luc Voulfow a mis en forme la correspondance amoureuse (plus de 600 lettres) entre Arletty et son officier allemand Hans-Jürgen Soehring, en introduisant un jeune journaliste qui vient interviewer la chanteuse. 

Screenshot


Il sait tout de ses lettres qu’il a lues et relues (on saura pourquoi à la fin) et débarque dans sa vie, très curieux, posant des questions de plus en plus intimes. S’ensuit une discussion très vive au début – elle lui dira plusieurs fois de partir à cause de son arrogance et de son immaturité, puis un dialogue s’instaure qui met en lumière cette passion intense – au delà de la guerre – qui a uni Arlette à Hans. 

On connaît sa célèbre phrase d’Arletty : « mon cœur est français mais mon cul est international », mais ces lettres enflammées étaient bien moins connues. Aussi on apprend les détails très intimes de leur relation. 
Cette passion lui vaudra d’être arrêtée en 1944, mise à l’index et interdite de plateaux pendant quelques années, mais elle reviendra et occupera la scène pendant plusieurs décennies : Un tramway nommé Désir de Tennessee Williams, dans une adaptation de Jean Cocteau, La Descente d’Orphée, Un otage de Brendan Behan avec Georges Wilson, etc.


Elle joue dans une vingtaine de films : Portrait d’un assassin avec Erich von Stroheim, Gibier de potence avec Georges Marchal, L’Amour, Madame avec François Périer, Le Grand Jeu avec Jean-Claude Pascal et Gina Lollobrigida, etc. Atteinte d’un glaucome à 84 ans, elle perd partiellement la vue et décèdera en 1992 à l’âge de 94 ans

L’épisode raconté dans la pièce se situe alors qu’elle a 72 ans. Son dialogue avec le jeune journaliste lui permet de faire un point sur sa vie et de répondre aux critiques qui n’ont pas arrêté de la poursuivre.
Béatrice Costantini incarne une Arletty remplie d’humour et de sensibilité. Damien Bennetot joue Samuel, le jeune journaliste impertinent et irrespectueux qui finalement s’attendrira.

Mise en scène est de Gilbert Pascal

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