Si le graffiti, l’affichage et le collage, premières formes d’intervention dans la rue, prolongent la pratique très ancienne des expressions politiques, l’Art Urbain s’est imposé à partir vers la fin du XXe siècle.
En 1966, pour relayer la dénonciation par René Char de l’installation d’une force de frappe nucléaire au Plateau d’Albion, Ernest Pignon-Ernest impose une œuvre d’art dans la rue – un pochoir – créant de fait une réelle rupture.
Par ses interventions, la rue devient le lieu même d’un art éphémère fait pour exalter la mémoire, des évènements politiques ou des mythes. « Quand on intervient dans la cité, dit-il, il faut avoir une grande conscience que l’on y partage de l’espace, de l’histoire, du vécu, du symbolique. Cela exige quelque chose qui est de l’ordre d’une conscience civique. »
L’art cantonné jusque-là dans les musées, les institutions et les lieux privés s’est depuis considérablement développé, regroupant de très nombreuses disciplines : peintures murales, tags, graffs, mosaïques, installations, etc.
Il était intéressant de confronter le précurseur : « celui qui a fait de la rue une œuvre d’art » à une quinzaine des meilleurs streetartistes. Avec l’aide de Véronique Mesnager, spécialiste du streetart, et de Thibault Fulchiron, quatorze artistes ont été choisis. Ils ont accepté avec enthousiasme de répondre à nos questions : Nadège Dauvergne, Artiste Ouvrier, Jérôme Mesnager, Codex Urbanus, Olivia Paroldi, Levalet, Zlotykamien, Morèje, Jef Aérosol, C215, Speedy Graphito, Paëlla, JR, Gonzalo Borondo (Espagne), et bien qu’elle nous ait malheureusement quitté, Miss Tic est présente par un texte qu’elle avait écrit sur Ernest.
En introduction de chaque interview, chaque artiste est présenté par une courte biographie illustrée par quelques unes de leurs œuvres. Ils répondent ensuite aux questions : comment ont-ils connu le travail d’Ernest ?
Quelle inspiration il a été pour chacun, s’ils l’ont connu et s’ils ont exposé avec lui ?
L’ensemble des interviews a ensuite été montrée à Ernest qui a réagi en expliquant très clairement son parcours, ses choix et ses différences avec ceux qu’il refuse d’appeler streetartistes, mais artistes urbains.
