Si Jean Moulin est célèbre pour ses activités dans la Résistance, l’artiste et l’homme passionné d’art est moins connue. Pourtant sa sœur nous apprend qu’enfant « Jean n’était vraiment sage que lorsqu’il avait un crayon à la main ». Très tôt son talent de dessinateur et caricaturiste a été reconnu par ses enseignants et sa famille.
Parallèlement à ses études puis à sa carrière dans la haute fonction publique, Jean Moulin, ne cessera de dessiner et de publier. Il adoptera à partir de 1922 le pseudonyme de “Romanin”, du nom du château en ruine où il jouait étant enfant. Son activité artistique l’amènera tout naturellement à s’intéresser à la peinture. Préfet en Bretagne, il fera la connaissance du poète Saint Pol Roux et de Max Jacob qui a vécu la grande période montparnassienne en compagnie de Picasso, Modigliani, Braque, Chagall. Grâce à ces rencontres, Jean Moulin approfondit ses connaissances des mouvements de l’art du début du XXe siècle : post impressionnisme, art abstrait, cubisme, surréalisme.
Ses visites de galeries et musées, sa fréquentations des milieux intellectuels et artistiques, ses collections, indiquent son intérêt grandissant pour l’art. Les tableaux de sa collection permettent d’apprécier ses choix raffinés : Soutine, Goerg, de Chirico, Friesz, Kisling…
Même quand la guerre survient et qu’il entre en Résistance, c’est encore à l’art auquel il pense pour couvrir ses activités de plus en plus dangereuses et justifier de ses nombreux déplacements. C’est tout naturellement qu’il décide d’ouvrir une galerie d’art à Nice (première galerie d’Art Moderne de notre ville), dont il confie la gestion à Colette Pons, une jeune femme rencontrée chez des amis à Megève. Maître Milhé, un ami d’enfance alors avocat à Nice va l’aider dans ses démarches administratives et fiscales.
Le film présente des documents et des informations précises sur la création et les activités de cette galerie : vernissages, expositions, achats et ventes d’œuvres, et aussi sur l’appartement Rex (c’était un de ses pseudonymes) situé au-dessus de la galerie, où seront hébergés des résistants de passage ou en mission.
Un interview de Jean-Louis Paniccaci, grand spécialiste de la seconde guerre mondiale, et particulièrement de la résistance azuréenne nous éclairera sur la période niçoise de Jean Moulin. Alain Paire, auteur d’une importante exposition et d’un catalogue sur le sujet, Sylvie Zaidman, conservateur du Musée Jean Moulin de Paris, et Ernest Pignon-Ernest, artiste, nous font connaître leur regard sur l’homme de l’art qu’à été Jean Moulin
Le film présente des séquences filmées des lieux où Jean Moulin a vécu : sa maison natale de Béziers, celle de Saint Andiol, berceau de sa famille, le château Romanin, et des images actuelles des lieux où il a séjourné à Nice et l’environnement de la galerie niçoise.
La présentation des œuvres de sa collection complètera ce film dont l’ambition est de retracer cette période essentielle de la vie de Jean Moulin où son amour de l’art a été intimement mêlé à son action dans la résistance.
La Première du film a eu lieu au Musée de la Résistance Azuréenne le 7 décembre 2024 à 14h30.
Alain Amiel 