Visite de Rapa Nui, le vrai nom de l’île, le nom « Île de Pâques » lui a été donné par Jacob Roggeveen, un hollandais (le premier européen) qui y a débarqué le jour de Pâques 1722. Nous avons appris que cette île est née de trois volcans principaux très proches : le Poilke (3 millions d’années), le Rano Kau (2,5 millions) et le Terevaka (500 000 ans), si proches qu’ils se sont amalgamés. Ce qui a donné cette triangulation à l’île.Entre ces trois volcans, des vallées fertiles mises en valeur par le talent de cultivateurs des Rapanuis qui sont également d’excellents pêcheurs, ainsi l’abondance régnant, il n’y a pas eu de guerre ou très peu.

La création des moaïs relevait sans doute de cultes sacrés. Une légende raconte que le roi Tuu-ko-ihu qui avait vu en rêve un moaï, a sculpté sa vision, et tous seraient inspirés de ce premier moaï issu de son rêve. Ces moaïs représentent des êtres qui ont vécu et qui à leur décès, ont été divinisés. On peut supposer que toutes les familles vénéraient un ancêtre, un personnage important ou un chef.Sur les plateformes appelées ahus, plusieurs moaïs étaient érigés, issus probablement de lignées proches, mais ce ne sont que des suppositions, rien ne permet d’expliquer scientifiquement pourquoi ils pouvaient être placés de un à plus d’une dizaine, tous parfaitement alignés.


À la suite d’événements encore mal connus, tous les moaïs ont été couchés. Pas à la suite de guerres ou de destruction, car dans ce cas ils auraient été brisés, or ils ont été délicatement allongés sur le sol et la production de moaïs a cessé. Il semble qu’une autre religion soit née, remplaçant l’ancien culte, tout en continuant à respecter ces géants, probablement de crainte de subir leurs malédictions.Que s’est-il passé ?


On parle d’un événement climatique (el Niño) qui aurait eu lieu dans la deuxième moitié du dix-septième siècle, une sécheresse intense qui aurait « brûlé » toute la végétation, particulièrement les arbres (il en reste les traces) et qui aurait contribué à des changements et entrainer l’adoption d’un autre système de valeurs économique, social et religieux. Leurs dieux ne les protégeant plus, une autre religion, celle de l’homme-oiseau (Make-Make) aurait progressivement remplacé les anciennes croyances incarnées par les moaïs. Ainsi la politique ayant évolué, les tribus autonomes laissent la place à un gouverment central pour toute l’île. L’art des Rapa Nui change également, dans les mêmes zones sacrées ont été sculptés sur des roches des pétroglyphes, créant un nouveau bestiaire de figures mi-hommes, mi-animaux.
Bien après, au XXe siècle, des fouilles archéologiques ont été programmées et sont toujours en cours. les moaïs ont été remis (plus ou moins) à leur place d’origine. Près du centre de Hanga Roa, plusieurs ahus sont visitables librement alors que dans les zones sacrées du reste de l’île, il faut être accompagnés d’un guide.Le plus proche ahu est celui d’Orongo dont il ne reste que quelques vestiges, est tout près du petit cimetière. Devant l’océan, de grands espaces couverts aux sols de bois sont utilisés pour les grandes fêtes annuelles où se déroulent des compétitions de sculpteurs de pierre de lave dont on peut admirer sur place leurs récentes créations.





Un peu plus loin, sur le beau site de l’ahu Tahai, cinq statues sont alignées sur leur ahu, dos à la mer, bien sûr, comme tous ceux de l’île (certains guides parlent de moaïs tournés vers l’océan, mais c’est contesté). Celles-ci ont été redressées et remises dans leur position d’origine en 1960 par l’archéologue William Mulloy. C’est un site inoubliable qui attire les touristes et les autochtones à la tombée de la nuit où on assiste assis sur l’herbe verte à un magnifique coucher de soleil sur la mer avec les moaïs au premier plan.



Sur ce site, on découvre également les vestiges d’anciennes cabanes en forme de coque de bateau renversé. Pierre Loti, venu en 1872 en a réalisé des représentations précises. Il y a même pénétré à l’intérieur, reçu par un chef et le raconte dans ses intéressantes mémoires illustrées de plusieurs dessins.L’ahu Akapu, tout près, un moaï isolé portant une coiffe, considéré parmi les plus anciens, est particulièrement beau. Tous les moaïs sont sculptés sur le même modèle, mais, nés de la main de l’homme, leurs expressions sont différentes. Quand on les regarde longuement, on peut prêter à chacun une émotion particulière : il y en a des graves, des attentifs, des souriants, des sages, des énervés, etc. Un jeu à faire sur les ahus où sont lisibles leurs traits, ce qui n’est pas toujours le cas, il y en a beaucoup de très dégradés par le temps dont il ne reste qu’une vague forme, voire quelques pierres juchées sur des ahus, eux mêmes effondrés. Sur cet immense champ vert face au bleu du Pacifique, on a pu voir un groupe d’une quinzaine de magnifiques chevaux aux couleurs fauves tachetées de blanc accompagnés de leurs adorables et sveltes poulains, se balader librement. Une vision des origines.


Le site de l’ahu Vinapu auquel nous a conduit Delphine, recèle un autre des grands mystères de l’île : un mur gigantesque de blocs de plusieurs tonnes en pierres taillées parfaitement appareillées et finement ajustées. Il présente les mêmes caractéristiques que ceux des murs Incas que nous avions vu à Cuzco et au Macchu Picchu. Cela ne peut être un hasard, on est forcé de penser que des Incas sont venus à cet endroit précis, ont vécu là un moment, puis soient retournés dans leur pays puisqu’il n’existe ici aucune autre mur de ce type. Ce mur est problématique car il contredit les théories concernant l’origine strictement polynésienne des Rapa Nui. Les Incas arrivés du Pérou, de l’autre côté de l’Océan ont été présents sur l’ile pendant quelques années. Ce lieu a dû être considéré comme sacré. On y voit une grande tête de moaï et des plus petites, de même que plusieurs pukaos (chapeaux rouges) posés sur le sol. Eux aussi ont beaucoup voyagé dans l’île.


Une sculpture étonnante de tête bicéphale, à moins que ce soit une mère avec son enfant dans ses bras, une œuvre tout à fait singulière, il n’en existe aucune autre de ce type. Malheureusement des imbéciles lui ont coupé la tête et elle doit être detenue quelque part chez un collectionneur (on en a seulement une photographique ancienne).


Inutile de dire que ce lieu est très beau, tellement ils le sont tous, les rapanuis ayant une notion innée de la beauté des sites où construire leurs ahus.

Visite Santiago
Première chronique de Rapa Nui
Deuxième chronique de Rapa Nui
Troisième chronique de Rapa Nui
4e chronique de Rapa Nui
5e chronique de Rapa Nui