CHEZ LOLA GASSIN
DANS LE CADRE DU FESTIVAL OVNI http://www.ovni-festival.fr
Plutôt que les soucis de l’exposition, c’est son montage, son installation qui est montrée. On arrive dans une belle salle blanche (le salon de Lola), toute vide, qui donne un un joli jardin intérieur.
Au milieu de la salle, un projecteur et dans un rectangle lumineux, un film où on voit deux hommes s’activer. On prépare une exposition…
Premier temps : on amène les œuvres, des tableaux sous verre et encadrés. On les pose par terre, entassés l’un sur l’autre, puis on calcule, on essaie les toiles sur les murs. Peut-être a-t-on déjà une idée de leur place dans la salle ? Un plan a-t-il été élaboré ? Sûrement, connaissant le professionnalisme de Marcel Bataillard, habitué (c’est son métier) à monter des expositions pour des musées et différents lieux. Mais là, il s’agit de son exposition. C’est autre chose…, mais est-ce une exposition ? Dès le générique, la question est posée : une expo ? Une installation ? Une performance ? A moins que ce soit une vidéo ou un film ? Ils concluent : « on verra ». En effet, on est là pour voir.

Mais que voit-on ? Des plans larges sur la salle avec deux hommes affairés, des plans moyens (américains ?) sur des mains qui présentent une œuvre sur un mur, qui clouent ou qui mettent un niveau à bulle pour vérifier que c’est bien droit, des plans serrés sur une main qui gomme une tache, des plans de côté en contre-jour, des plans en pleine lumière de dos des acteurs qui regardent si le cadre « fait bien » sur le mur, des vagues dialogues qu’on ne comprend pas, des circulations, des hors-champs, des plans-séquences, des zooms, le ralenti d’un cutter qui tombe par terre, etc… le vocabulaire du cinéma est déjà là.
Donc c’est un film ? Non, c’est plutôt un documentaire sur une exposition, mais quelle est cette exposition ? Finalement, on ne la voit pas, on n’a vu de loin que des cadres avec à l’intérieur des images indiscernables. On ne sait pas de quoi parle cette exposition, on ne sait pas son nom, ni ce qui est représenté. On ne voit que des gestes, des outils, des cadres, des murs.

On a vu surtout des espaces blancs à combler avec des cadres, du coup, on détache nos yeux de l’écran pour regarder la salle et repérer où ils ont été accrochés. La tache noire d’une cheminée triangulaire, deux radiateurs peints en blanc et des rebords nous permettent de situer les endroits précis où les œuvres ont été posées. Le film nous a obligés à mieux détailler la salle, son espace, ses espaces.

Marcel Bataillard, l’artiste et Benoît Grimalt, le cinéaste, ont finalisé une exposition qu’eux seuls (et Lola) ont vu, avant de tout décrocher pour ne nous montrer qu’une pièce vide et sur un mur, la trace d’une exposition imprimée sur la pellicule (numérique).
Le film dure dix-sept minutes, on ne s’ennuie pas. On se reconnaît facilement dans ces travaux d’accrochages car tout le monde a eu à choisir et accrocher des cadres sur ses murs.
Plaisant, original et enrichissant.
Chez Lola Gassin
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