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De l’atelier au Musée (1896-1982)

En se passant de modèles, de motifs, de sujets définis et reconnaissables, l’art abstrait ouvre à une infinité d’interprétations. Aucune limite, en dehors de celles de la toile, n’est fixée. L’univers mental de chacun, en approchant des contrées inexplorés, doit rejoindre ses propres mystères. C’est sans doute ce qui a attiré l’attention de Jean Villeri, fils d’un musicien et compositeur italien établi à Cannes qui s’est consacré très jeune à la peinture. Comme tous ses pairs, il commence par peindre des œuvres figuratives : les beaux paysages de sa région, les paysans au travail, la vie dans les petits villages… À Cagnes-sur-Mer, il croise Soutine, Renoir, Kikoïne, mais c’est la couleur et la lumière des peintures  de Bonnard, son voisin du Cannet, qui vont durablement l’influencer. 


En 1924, pour de sa première exposition personnelle à Paris, il présente ses aquarelles sensibles de petits villages aux pierres brunes, de pinèdes ou d’oliveraies  enveloppés de lumière  d’où se dégage une poésie faite de respect attendri pour les choses usées par le temps. Son tableau : La Cueillette des olives, où des paysannes agenouillées sont occupées à la cueillette sur un champ vibrant de lumière sera achetée en 1925 par l’Académie des Lettres Sciences et Arts de Nice qui en fera don au Musée Municipal des Beaux-Arts de Nice. 


Dans son atelier-caverne qu’il appelle sa « voûte de travail », il approfondit ses recherches de formes, de textures, de couleurs. Cet ancien cellier à vins tout en longueur donne sur une ancienne aire à blé, véritable terrasse ouverte sur la vallée, d’où, dit-il, il peut « interroger la foudre pour connaître la voix du feu ». Il sait écouter le vent, la montagne et la pluie pour entretenir avec tous ces éléments un dialogue fécond.

La rencontre avec Francis Picabia, Jean Crotti, Jacques Villon qui viennent régulièrement passer leurs vacances d’été au Cannet va révolutionner sa vision du monde et sa palette.  Il participe aussitôt à leurs recherches plastiques et s’engage résolument dans la voie non figurative. Ses Natures Mortes, portraits et paysages disparaissent au profit de nouvelles recherches plastiques. Il adhère en 1934 au mouvement « Abstraction Creation, Art non-figuratif » créé par Vantongerloo, Herbin et Mondrian, et se fait reconnaître des peintres contestaires d’un ordre figuratif mondialement établi. La rencontre en 1936 de René Char, devenu son ami, contribue à amplifier, à déployer son univers sensible. Il participe à des expositions dans la région niçoise et à Paris, mais son besoin vital de retrait fait qu’en 1940, il quitte Cannes pour vivre au Haut de Cagnes, un village alors encore préservé du tourisme.

L’exposition au Château de Cagnes constitue une rétrospective ainsi qu’une juste reconnaissance par le village qu’il a choisi et où il a réalisé ses principales œuvres.

La porte de l’atelier à été offerte au Musée de Cagnes

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