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Les cinquante ans du Musée Chagall 

Marc Chagall, Tapisserie pour l’entrée dite aussi Paysage méditerranéen, 1971. Tapisserie de haute-lisse, 226 x 322 cm. Manufacture des Gobelins. Maître d’œuvre : Eveline Lelong. Paris, Mobilier national, déposée au musée national Marc Chagall, Nice. Photo : © musées nationaux du XXe siècle des Alpes-Maritimes / Anthony Lanneretonne © Adagp, Paris, 2023.

Constituée par la donation en 1966 des 17 grandes toiles du Message Biblique par Marc Chagall et son épouse Valentina Brodsky et complétée par un fonds donné par l’artiste, le Musée a été voulu comme un message de paix et d’amour :  « J’ai fait ces tableaux à l’unisson de ce rêve lointain. J’ai voulu les laisser dans cette Maison pour que les hommes essaient d’y trouver une certaine paix, une certaine spiritualité, une religiosité, un sens de la vie ».

Dans ces grands tableaux, tout semble flotter sur fond de ciel bleu intense : les architectures, les animaux, les fleurs, les amoureux. Délaissant les règles de composition, de perspective, de vraisemblance, toutes ces représentations semblent surgir de l’inconscient : temporalité abolie, couleurs étonnantes, rébus, bizarreries, etc. Une étrangeté qui rappelle quelque chose d’enfoui. Contrairement aux anciens qui pensaient que le rêve indiquait l’avenir, on sait depuis Freud qu’il est plutôt une production du passé. Chagall reçoit et accepte de peindre les visions fantastiques venues de l’inconscient qui s’imposent à son imaginaire.

A l’occasion de l’anniversaire des cinquante ans du Musée, l’exposition « Chagall et moi ! » invite des artistes, des écrivains, des danseurs et des musiciens à partager leur lecture contemporaine du cycle de tableaux consacrés au Message Biblique.

Serge Bloch, dessinateur et Frédéric Boyer, écrivain, exégète de la Bible, ont peuplé superbement les salles d’écritures-dessins et de dessins-écritures poétiques. La traduction et la relecture originale et personnelle des grands textes de Frédéric Boyer associée aux dessins évocateurs de Serge Bloch, apportent une nouvelle compréhension du Livre des livres. 

Tout au long du parcours, des petites animations de personnages dessinés au trait reprennent des épisodes de la Bible. Les grandes vitres donnant sur les jardins ont été habillées superbement de compositions à l’encre incluant textes et éléments graphiques. Dans une suite de salles, on va d’émotions en réflexions en découvrant les peintures faites au tampon, les écritures et les lettres hébraïques revisitées.

Le Chemin de la vie, parcours de Frédéric Boyer et Serge Bloch
Serge Bloch, Une grande nuit de lumière, vitrophanie, création digitale pour le musée national Marc Chagall ; Nous, 2020, monotype. Courtesy de l’artiste, 2023. Nice, musée national Marc Chagall. Photo : © musées nationaux du XXe siècle des Alpes-Maritimes / Anthony Lanneretonne, 2023.

Keong-A Song, artiste et illustratrice, nous propose une série des dessins aquarellés sensibles inspirés des œuvres ou des pérégrinations de Marc Chagall. Un voyage qui nous promène de son village natal de Vitebsk aux USA où il a fui la guerre, de Nice au village de Saint Paul de Vence. Une Promenade des Anglais en papier découpé et dessiné de traits fins est impressionnante. 

Keong-A Song, série Main à main, 2023. De gauche à droite : « Oiseau de feu. 1941 – 1947 : l’exil aux Etats-Unis », dessins à l’encre de Chine et aquarelle (80 x 60 cm) ; « A travers les vitraux. 1952 – 1984 : l’exploration du monumental », dessin à l’encre de Chine et aquarelle (70 x 50 cm) ; « Vers le Soleil. 1973 – 1985 : un musée.

Jean-Claude Ellena, natif de Grasse et parfumeur, nous invite dans une salle présentant plusieurs œuvres de Chagall à les admirer assis calmement tout en humant différentes essences qu’il a spécialement élaborées en fonction de ces œuvres. Une expérience étonnante associant vision et fragrances dont on sort un peu rêveur. 

Marc Chagall, série Le Cantiques des Cantiques I, 1960) et Cantique des Cantiques V, 1965-66 (huile sur papier rentoilé), avec dispositif olfactif pour découvrir les fragrances créées par Jean-Claude Ellena. Nice, musée national Marc Chagall. Scénographie : © Maddalena Giovannini, 2023. Photo : © musées nationaux du XXe siècle des Alpes-Maritimes / Anthony Lanneretonne © ADAGP, Paris, 2023

ilia Osokin, musicien et compositeur, nous immerge dans un univers musical de sonorités hybrides mêlant instruments traditionnels : violoncelle, piano, clavecin, voix, à des sons prélevés en milieux naturels. L’auditorium nous accueille pour les déguster au milieu de la lumière bleue des vitraux de Chagall. 

Wave Creation, ilia Osokin face à des vitraux de Chagall, dont un seul vitrail est reproduit : vitrail La création du monde, Les quatre Premiers Jours, 1970 © Vitrail de Marc Chagall réalisé en collaboration avec Charles Marq / Adagp, Paris 2023.

Bella Meyer, la petite-fille de Chagall a grandi au sein de son monde enchanté. Devenue designer en fleurs (@fleursbella)*, elle a créée pour le weekend festif, qui s’est tenu du 7 au 9 juillet 2023, un univers sensible mêlant textures, matières et couleurs qui s’inscrit harmonieusement, comme naturellement, au sein des salles présentant les immenses peintures de Chagall et dans les jardins de ce musée voulu par Malraux et conçu par l’artiste et l’architecte André Hermant.
Comme un peintre, elle joue avec les couleurs et les formes : bouquets, parterres de fleurs,  vénérables oliviers piqués de taches de couleurs subtiles s’inscrivant dans les nœuds du bois. Elle a créé également une véritable sculpture vivante constituée de branchages, de feuilles, de fleurs mêlées de mousses et d’écorces pour laquelle elle a demandé la participation des visiteurs qui ont pu y ajouter d’autres fleurs ainsi que des messages. 

*Son entreprise fleursbella est à New-York (https://www.fleursbella.com)

Bella Meyer, Création florale

Exposition : Les cinquante ans du Musée Chagall 

jusqu’au 8 janvier 2024

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